Dans les semaines qui viennent le 79éme anniversaire du Débarquement en Normandie sera commémoré en hommage aux soldats alliés qui ont libéré la France et de nombreuses initiatives auront lieu : cérémonies officielles, randonnées, camps, parachutages de reconstituteurs, bourses militaires, expositions de véhicules, salon du livre...

Et pourtant toutes ces commémorations passeront sous silence les réalités des chiffres qui dérangent : les 12 millions de soldats morts de la Russie soviétique face aux 290 000 décomptés en Europe par l’armée américaine ! Il n’y a pas si longtemps on évoquait toujours, ne serait-ce qu’au nom de la vérité historique et du devoir de mémoire, ces lourdes pertes humaines de l’Armée Rouge durant la guerre.

Concernant les seuls affrontements entre l’Allemagne nazie et l’URSS, les chiffres sont faramineux, oscillant pour celle-ci autour de 26 à 27 millions de victimes dont 14,2 millions de civils ! A la fin des combats, ces faits étaient largement reconnus et 57% des Français estimaient que l’URSS avait le plus contribué à la défaite du nazisme. Aujourd’hui, faute notamment d’une action éducative à l’égard des jeunes, ce sont les États-Unis qui virent en tête du classement ! Eu égard à l’ensemble des initiatives du type rencontituteurs, camps ou bourses militaires, les commémorations se perdent de plus en plus dans un tourbillon qui anéantit la mémoire réelle.

Quand les commémorations participent, implicitement ou non, à falsifier la vérité historique, c’est un renoncement lourd de sens et cela fait le lit de ceux qui veulent la réécrire à leur guise, en particulier au regard des affrontements en Ukraine.

Et pourtant, rien ne devrait effacer la participation et le rôle déterminant de l’URSS dans l’écrasement de la Wehrmatcht dont 80% des pertes ont été subies sur le front russe. Sans l’Armée Rouge, il n’y aurait pas eu de Débarquement sur le front occidental ! Dans la patrie des Droits de l’Homme et au pays des Lumières, lors du 79éme anniversaire du Débarquement, quelle parole des autorités, des élus, des associations d’Anciens Combattants ou se rattachant aux travail de mémoire, permettra que les pertes russes de la seconde guerre mondiale ne soient pas oubliées ? Pour qu’il ne soit pas seulement rendu hommage avec respect et gratitude aux GI’s, mais aussi aux soldats de l’Armée Rouge, ayant donné leur vie pour mettre un terme à l’occupation nazie ?

Au contraire d’œuvrer pour le respect du droit international partout dans le monde, la défense de la paix et la résolution pacifique des conflits, dans nos démocraties l’agression de Ukraine est utilisé pour créer les conditions d’une unanimité contre tout ce qui se rattache à l’histoire et à la culture russe. Tout se passe comme si une forme de négationnisme, inavoué et flagrant, voulait arracher de nos mémoires les 27 millions de victimes russes mortes si loin de nous dans le temps et l’espace.

Pour preuve, il y a fort à parier que le rappel par le MRAP d’une vérité historique incontournable sera étouffé par les comptes rendus formatés des commémorations. Il y a fort à parier que cette vérité là ne justifiera aucune initiative louable et qu’elle ne sera ni reprise, ni valorisée dans le cadre d’une action éducative ou par les grands médias publics.