Fondation du MRAP

L’éclatement de l’Alliance Antiraciste

Née de l’alliance d’anciens militants de la LICA et de militants issus du MNCR, l’existence de l’Alliance antiraciste est éphémère.
Après sa création, en 1946, le contexte politique évolue rapidement avec l’entrée dans la "guerre froide".
Très vite des divergences apparaissent. Elles sont de différentes natures : divergences de milieux, divergences de générations, divergences politiques.
Les membres de l’ancienne LICA sont souvent des notables, confrontés à des militants d’autres milieux, des ouvriers et des petits artisans.
Cela se double d’un conflit de générations : ce sont pour beaucoup des jeunes qui s’opposent à la ligne de dirigeants plus âgés.
Enfin, militants communistes et progressistes s’opposent au sein de l’Alliance au courant gaulliste.
Une partie des militants issus du MNCR sont exclus lors du congrès de juin 1947. A la Conférence nationale de l’Alliance de juillet 1948, le conflit s’accentue.
La LICA se reconstitue de fait sous le titre "Alliance Antiraciste (LICA)".
Dans le numéro 19 de Droit et Liberté du 1er janvier 1949, Charles Feld rendant compte du récent congrès de l’Alliance antiraciste exprime ces divergences.
Article de Charles Feld : (voir le document)
Charles Palant, alors Président des jeunes de la LICA, s’exprime sur le même sujet lors de la 1ère journée nationale contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix.
Déclaration de Charles Palant à la Journée Nationale : (voir le document)
La dissolution des jeunes de la LICA marquera la rupture définitive.
Article de Charles Palant sur la dissolution dans Droit et Liberté du 14 juillet 1949 : (voir le document)

Naissance du MRAP

Examinant la situation créée par la recrudescence de l’antisémitisme, le relèvement d’une Allemagne non denazifiée, les dangers de guerre et le combat pour la paix, les représentants de 40 organisations et sociétés décidaient, le 7 janvier 1949, de constituer le Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix.
Un Comité d’initiatives fut élu. Après plusieurs semaines de fructueux efforts, ce Comité d’initiative était en mesure d’organiser à Paris, le 22 mai 1949, une Journée Nationale contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix. (extrait de la brochure sur la création du MRAP).

Serment MRAP 1949 au cirque d’hiver

Brochure sur la création du MRAP : (voir le document)
Le MRAP naissant, lance un appel aux juifs de France pour le rejoindre, tout en élargissant le mouvement, faisant appel à des personnalités de divers milieux pour constituer son Comité d’Honneur, reprenant ainsi la volonté du MNCR d’union sans exclusive.
Appel aux juifs de France : (voir le document)
Quelques réponses à l’appel pour le Comité d’Honneur : (voir le document)

Droit et Liberté du 1er mars 1949 rend compte de la naissance du mouvement :
"Aujourd’hui, suivant l’exemple de l’ensemble des forces démocratiques dans le pays, plus de cinquante organisations juives de France se sont unies pour jeter les bases d’un grand Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix.
La constitution de ce mouvement sera chaleureusement soutenue par tous les hommes qui veulent la paix et qui désirent vivre dans la dignité. Jamais les rescapés des camps de la mort ne se mêleront à leurs bourreaux. Ils resteront fidèles au serment donné. à la mémoire de 6 millions de leurs frères fusillés, tués au champ de bataille, exterminés dans les chambres à gaz et les fours crématoires. Il appartient à ce mouvement de mener l’offensive sur les plans judiciaire, politique, idéologique, contre les appels au meurtre et contre la persécution raciale. Il appartient à ce mouvement d’œuvrer au rassemblement de tous les hommes libres, qui ne demandent qu’à mener le combat pour la paix, sans distinction d’opinion.
Les moyens d’action sont des plus divers : constitution de comités locaux de vigilance, citation devant les tribunaux des perturbateurs antisémites, poursuites contre la presse d’excitation, jusqu’à sa complète disparition. Nous avons la certitude que cette action, menée dans l’esprit de l’unité, sera efficace..."
Dl du 1er mars 1949 p1 : (voir le document)
En page 2 de ce même numéro est mentionnée une action du MRAP de Marseille :
Dl du 1er mars 1949 p2 : (voir le document)

La volonté d’élargissement du mouvement apparaît pleinement dans l’enthousiasme de la première Journée Nationale contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la paix, réunissant des personnalités de divers horizons, politiques, syndicaux, confessionnaux, universitaires, artistiques...
Un compte-rendu détaillé en est donné dans le numéro 29 de Droit et Liberté, daté du 1er juin 1949.
Droit et Liberté n°29 : (voir le document)
Le Manifeste adopté lors de cette journée : (voir le document)
Dans le livre "Chronique d’un combat inachevé", édité à l’occasion des 50 ans du MRAP, Albert Levy donne également un compte-rendu de cette journée :
La première journée : (voir le document)
Dans ce même ouvrage, Caroline Andréani répond à la question : Pourquoi le MRAP ?
Pourquoi le MRAP ? : (voir le document)
A l’occasion du vingtième anniversaire du MRAP, Droit et Liberté rappelle les circonstances de la création du MRAP.
Droit et Liberté n°282 : (voir le document)
De la même façon, Albert Levy, à l’occasion des 30 ans du MRAP accorde un enretien à Droit et Liberté :
Dans ce même numéro, ALfred Grant retrace les origines et la fondation du MRAP
Droit et Liberté n°380 p4 et p8 : (voir le document)
La naissance du MRAP est également retracée en 1987 dans Droit et Liberté :
Droit et Liberté n°458 : (voir le document)

Le témoignage d’Albert LEVY sur l’histoire du MRAP, lors de la journée de formation de la région Rhône-Alpes, samedi 16 octobre 1993 évoque également les débuts du MRAP.
Témoignage : (voir le document)