Les Droits Humains menacés en Guinée-Conakry

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Le Coronavirus détourne l’attention de la communauté internationale de la situation en Guinée. Alors que le pouvoir guinéen est engagé dans une répression accrue, l’état d’urgence fournit un prétexte au Président Alpha Condé pour réprimer les rassemblements et des manifestations.

La République de Guinée a enregistré ses premiers cas d’apparition du Covid-19 le 13 mars 2020. Parmi les malades se trouve la grande dame du syndicalisme guinéen, Rabiatou Serah Diallo, devenue présidente du Conseil économique et social du pays. La prudence indispensable pour empêcher la maladie de se répandre n’a pas empêché le gouvernement d’inciter la population à se rendre aux bureaux de vote.

Le dimanche 22 mars, malgré les mesures prises contre la pandémie, le peuple était exhorté à voter lors d’un double scrutin : pour les législatives, mais aussi et surtout pour un référendum sur la modification de la constitution. Le point central de cette modification est de permettre au président Alpha Condé, élu en décembre 2010 puis réélu en 2015, de briguer un troisième mandat, alors que la constitution de 2011 ne permet que deux mandats. Alpha Condé avait annoncé qu’il souhaitait se débarrasser de cette limitation.

Depuis le 14 octobre 2019, des manifestations ont eu lieu à Conakry et ailleurs dans le pays. Leur répression a fait au minimum 32 morts. Le pouvoir profite des divisions politico-ethniques. Le jour du scrutin, un massacre a eu lieu à Nzérékoré, faisant de nombreux morts. Quelques jours plus tard, le 27 mars, le pouvoir a annoncé 91,6 % de « Oui », et un taux de participation de 61 %. La France, comme d’autres pays, a refusé de reconnaître ce résultat.

La crise risque encore de s’aggraver à tout moment si le président sortant présente sa candidature aux élections présidentielles prévues avant la fin 2020.
Le MRAP appelle à la solidarité avec le peuple guinéen, à des sanctions ciblées contre des représentants du pouvoir actuel, et à ne pas laisser impunies les violations de la démocratie et des droits humains.

Paris, le 2 avril 2020