Communiqué : La torture pour demain en France ?

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Ces chiffres sont sidérants et rappellent la sombre période de notre histoire où la pratique de la torture était institutionnalisée en Algérie.

Le MRAP ne saurait tolérer la pratique de la torture ni même l’idée qu’elle puisse être utilisée. Avec le philosophe Michel Terestchenko commentant le sondage de l’ACAT, à la question de savoir si le recours à la torture pourrait, dans certains cas, être approuvé, justifié, autorisé pour le MRAP, " la réponse est Non ! Non, absolument ! Non de façon inconditionnelle".

Le MRAP exprime sa profonde inquiétude devant les évolutions soulignées par le sondage de l’ACAT.

Que 40% des sympathisants du FN déclarent qu’ils pourraient envisager de recourir eux-mêmes à la torture, c’est l’héritage de Jean-Marie Le Pen qui déclara en 1956 partir en Algérie pour « casser du bougnoule". C’est la preuve que les idées nauséabondes de ce parti gangrènent petit à petit notre société.

Les résultats de ce sondage soulignent les effets catastrophiques des manipulations de l’opinion publique par des apprentis-sorciers de tout bord avec la complaisance de certains médias : la réponse aux attentats de janvier et novembre 2015, ce fut l’état d’urgence et la proposition de déchéance de nationalité. Ce ne sont pas les atteintes inacceptables aux libertés individuelles et collectives qui permettront de mettre fin à la radicalisation d’une minorité de la jeunesse. Il faut prendre à bras le corps les questions sociales et politiques pour apporter des réponses efficaces et pérennes à la précarisation et à la relégation dans des quartiers sans avenir.
L’horreur de l’assassinat de deux policiers à Magnanville qui génère une immense émotion ne saurait justifier l’instrumentalisation qui en est faite et qui ne peut que servir les objectifs de ses auteurs et de leurs complices.

Le MRAP ne saurait accepter l’amalgame répété en boucle depuis des semaines entre cette violence et le mouvement de contestation de la « loi Travail » dont une majorité de Français ne veut pas. Les plus hautes autorités de l’Etat, présentant souvent notre pays comme celui des Droits de l’homme, doivent œuvrer pour un vivre ensemble harmonieux et combattre les causes de violence à l’origine de dérives racistes.

Paris le 23 juin 2016