Déclaration du Bureau Exécutif du MRAP : MIGRATIONS : ON RESTE DANS L’IMPASSE CRIMINELLE

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La réponse de la France et de l’Europe reste la même : repousser de toutes les façons et avec des moyens toujours renforcés les personnes qui risquent leur vie pour tenter de trouver un avenir en Europe. L’Italie surveille ou entrave l’action des bateaux qui font le travail de sauvetage que les pouvoirs publics ne font plus. La France refuse d’accueillir ces mêmes navires humanitaires. La perspective offerte à ces hommes, femmes et enfants est d’être renvoyés à l’horreur qu’ils ont déjà vécue en Lybie ou dans les autres pays qu’ils ont traversés. En même temps, des militants fascistes européens arment un bateau pour contrer les navires des ONG, en violation du droit élémentaire de la mer. Cette opération criminelle est animée par Génération Identitaire, un groupe dont le MRAP demande en vain la dissolution.
 Cette politique de refoulement est complétée par une volonté de plus en plus active d’externalisation des contrôles des mouvements migratoires. Le gouvernement français, à l’image de l’Italie et avec l’appui de l’Europe, affiche sa volonté de passer, au prix des pressions les plus sordides, avec les Etats du Sahel et d’Afrique du nord, des accords pour qu’ils séquestrent et refoulent eux-mêmes les candidats au départ, dans des conditions sur lesquelles la France ferme les yeux. C’est la reproduction de l’accord honteux déjà en place avec la Turquie et que nous avions dénoncé. En Lybie, ces "accords" pourraient même concerner des groupes armés locaux parmi les plus criminels, liés aux passeurs qu’on prétend combattre. En France même, le gouvernement prétend mettre en place une politique nouvelle, qui repose en fait sur d’éternels poncifs, dont tout le monde connait l’inanité. C’est la théorie de « l’appel d’air », qui amène à refuser (et même interdire) la moindre protection aux hommes en errance autour de Calais. Il faut une décision du Conseil d’Etat pour que la préfecture installe quelques robinets d’eau froide ! Partout en France, l’action humanitaire des citoyens est criminalisée. Au-delà des procès emblématiques imposés à Cédric Herrou et ses amis de la Roya, ce sont un peu partout de nombreux militants humanitaires qui sont poursuivis ou intimidés.C’est aussi la distinction insistante entre les demandeurs d’asile et les migrants économiques. Tous ceux qui connaissent cette population savent combien cette distinction est artificielle, combien les mobiles politiques, économiques ou sociétaux qui contraignent des personnes à l’exil se cumulent et sont d’une égale gravité. La réalité, c’est la volonté de regrouper, sous couvert d’hébergement et d’accélération des procédures, les migrants dans des lieux à peu près fermés (en particulier aux associations et à l’assistance juridique), où seront sélectionnés quelques demandeurs d’asile reconnus mais d’où seront expulsés rapidement d’une part ceux qui relèvent des accords de Dublin et d’autre part les migrants déclarés illégitimes. Près de 460 associations ont lancé un appel pour que l’Etat, au lieu de s’enfermer dans ces impasses, organise, avec tous les acteurs, des états généraux où seraient débattues les solutions à la fois réalistes et conformes aux droits de l’homme à la question de l’arrivée des migrants en France et en Europe. Faute de réponse, plus de 160 associations ont déjà décidé d’organiser par elles-mêmes de tels états généraux en décembre. Le MRAP en fera évidemment partie.Paris, le 20 septembre 2017